février 26, 2008

Saint-Cyr à Moulinsart

“Saint-Cyr à Moulinsart”
article sur le Petit Gala écrit par le SLT VALLET, Scribe de la promotion, et paru dans le Revue Saint-Cyr n°199 de mars 2008.

Petit Gala de la Promotion Capitaine Beaumont - accueil

Samedi, 13h00. Jean-Charles vérifie d’un œil attentif les affaires qu’il vient d’entasser dans le coffre de sa voiture, garée pour l’occasion sur le plateau rapport de la compagnie : « OK, a priori, je n’ai rien oublié ». Il reconstitue intérieurement de la tête aux pieds l’uniforme dont la Gloire lui fit un Soir le présent : le shako, paré de ses plus belles plumes, et déposé sur la plage arrière aux côtés d’un sabre modèle 1820 brillant comme neuf ; dans le porte-GU : la veste de laine bien épaisse, modèle été pour avoir moins chaud, le pantalon garance et les bretelles khûbales, la chemise blanche sortant tout juste du pressing, les épaulettes fraichement recousues afin d’en prévenir toute chute, les gants blancs et l’ensemble ceinturon de cuir, dragonne, bélière. Restent les chaussettes et les chausses cirées comme jamais.

13h04. Départ de Coët. « Si tout est ras, j’y serai dans 3 heures ». Il faut dire qu’il possède désormais son propre bolide de course, une petite 206 estampillée à l’avant du logo du service général et à l’arrière de l’insigne de la promotion, achetée à un ami dolo il y a quelques mois de cela. « Une pure occas’ tu verras ! Consomme peu, roule bien, plutôt agréable et déjà tunée ; mais bon, je dois m’en séparer, car la famille s’agrandit. Tu comprends, va falloir trouver de la place pour le gamin, la poussette, le siège bébé… J’ai une vie quoi ! » Avec le petit clin d’œil affectif du grand-frère bienveillant…

Mèche au vent, musique plein pot, vitesse légèrement au dessus de la moyenne, notre petit cyrard sifflote gaiement le dernier tube en songeant déjà à la soirée qu’il va passer. Rennes, Laval, Tours… les villes défilent rapidement, et le voilà qui franchit bientôt la grille du domaine de Cheverny. Réajustant ses lunettes de soleil pour mieux admirer la structure du château et l’étendue du parc, il admire un instant le cachet particulier de ce cadre enchanteresque, puis cherche du regard d’éventuelles connaissances, camarades de promotion et invités. « Tiens, Jacky B. est déjà à l’œuvre avec son appareil photo… Ah mais c’est JB et sa fiancée qui se font mitrailler comme ça ?! As d’hab’… Allons bon, un banc de crocos désœuvrés ! Je parie qu’ils seront encore assis au même endroit dans 2 heures. Ah ! J’aperçois Renaud et sa cour de minettes ; je vais aller les saluer, c’est plus correct. »

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Même jour, Versailles, 14h00. Marie-Maïlys débouche du RER en courant pour attraper le prochain train en partance pour Blois. « Je suis encore à l’arrache » pense-t-elle en prenant place à bord. « J‘espère qu’Alix ne s’est pas trompé de robe en emportant mes affaires ». Une légère tape sur l’épaule la fait sursauter, mettant court à ses rêveries. Elle se retourne. « Camille ?! Tu vas aussi au gala ? Mais, je croyais que n’avais plus d’argent ! Remarque, moi, je suis en plein période d’exams ». La conversation s’engage alors entre elles, aussitôt rejointes par d’autres amies échangeant les derniers potins mondains ou ecclésiastes. L’annonce au micro de l’arrivée en gare les surprend. Une fois sur le quai, il s’agit alors d’emprunter la navette spécialement affrétée pour gagner le lieu du Petit Gala. « Je ne vois pas de panneau ». Mais déjà elles aperçoivent un attroupement devant un bus marqué aux couleurs des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan. « Je ne savais pas qu’il existait plusieurs écoles… » pensent-t-elles distraitement. Les quelques têtes connues patientant dans la navette les font sourire…

Un instant plus tard, les voilà tous partis. Collés aux vitres, c’est à celui qui apercevra le château le premier. « Ça y est ! C’est là, je reconnais ! Comme sur le carton ! ». La silhouette du palais, apparait, noblement dressée entre les vieux arbres du parc qui chuchotent déjà quel esprit délicieux fait revivre aujourd’hui ce patrimoine pluriséculaire. A l’annonce du chauffeur, les invités ne se font pas prier, et le bus se vide entièrement, hommes, femmes, et sacs, ainsi que le veut la préséance.

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18h00. Les grilles du parc alors encore ouvertes aux Jackys locaux venus égayer leur samedi après-midi deviennent les garantes métallisées de la tranquillité de la soirée. Les convives sont priés de se déplacer sur les marches de la propriété seigneuriale pour la photo souvenir qui devra paraitre, selon le bon vouloir du Grand Carré, dans la prochaine Revue Saint-Cyr ou sur la carte de vœux 2008. Puis c’est le véritable début de festivités, annoncées magistralement par les trompes de Cheverny. Tout de pourpre vêtus, les joues écarlates, entourés de leur meute de chiens de chasse, les veneurs laissent alors la parole au Seigneur des lieux pour un soir, le Père-Système ARTUR, qui dans un style bref mais éloquent, procède au laïus d’accueil d’usage avant d’autoriser chacun à se ruer élégamment sur le frais cocktail printanier.

Petit Gala de la Promotion capitaine Beaumont - cocktail/soirée

Le ton est donné, chacun peut s’adonner à ses mondanités ou à se pavaner au milieu des invités. Jean-Charles circule allègrement d’un groupe à l’autre, saluant chacun, riant poliment, avant de s’attarder quelques instants sous le grande tente blanche dressée pour l’occasion afin d’y goûter les quelques mets délicieusement choisis par le Commandant des Gardes, grand maître d’œuvre de l’évènement. Marie-Maïlys quant à elle a préféré aux agapes le répit des commodités de la conversation. Entourée de quelques bonnes amies, elle passe déjà en revue la majestuosité des lieux et l’excellente qualité de la réception, s’étonnant toutefois de l’étrange savoir-vivre de ces quelques saint-cyriens dont les verres de champagne ne semblent jamais désemplir. L’un attire son attention, elle l’a déjà vu quelque part. Croisant le regard de cette fille en bleu, Jean-Charles s’en souvient également. Intrigué, il va se présenter au charmant minois, échange quelques mots, mais déjà un camarade vient le chercher, mettant fin à ce court moment de discussions. C’est Baptiste, qui, tête en l’air, est parti de Coët sans ses bottines. Bon garçon, Jean-Charles les lui a apportées.

23h00 sonnent. L’heure de procéder à la traditionnelle prise d’armes nocturne qui précède l’ouverture du bal. La foule des convives se presse devant les pelouses du château, et c’est à celle, ou celui – c’est selon – qui aura la meilleure place et le plus beau cliché. Les élèves-officiers se glissent furtivement, comme à l’accoutumée, au pied de ce castel du XVIIe siècle. Le Carré jette ses dernières consignes, inspecte rapidement l’alignement dans les colonnes. Puis fiat lux, la Promotion surgit magiquement du décor à sa mesure, ajoutant une touche de panache au charme naturel du palais. Portée par la nuit sereine et ses étoiles radieuses, elle entonne son chant de promotion dont la mélodie finit par se perdre dans les allées silencieuses du parc. C’est alors que, parachevant sans nulle grâce l’éclat de la cérémonie, retentit en son dos les fusées d’un feu d’artifice, repris aussitôt d’un puissant « chic à cyr » faisant rompre les rangs.

Petit Gala de la Promotion capitaine Beaumont - feu d’artifice

Mais cette féérie étincelante ne fait que préfigurer un second coup d’envoi, parant le ciel de mille feux plus beaux. Alors que les esprits s’endorment dans les demeures avoisinantes, les dépendances du château de Cheverny voient renaître en leur sein comme par enchantement le charme dévastateur des soirées d’antan, où preux chevaliers et belles dames colorent à la lueur des chandeliers qui flamboient et à la saveur du champagne qui coule à flots les délices de la nuit profonde.

L’Orangerie investie, place alors à l’ouverture du bal, menée gracieusement par les cinq membres du Carré. Le code d’élégance de la soirée étant donné dans cette noble coterie, Moulinsart revit au rythme de nouveaux accords. La lune s’embellie de ses plus jolies dorures tandis que les premiers pas de danse entrainent nos jeunes et fringants aspirants, vêtus de leur plus bel apparat, à s’entremêler l’espace virevoltant d’un instant à la curiosité suscitée auprès de ces demoiselles, toutes prêtes à s’instruire de la rude vie menée par leurs valeureux cavaliers lors de leurs folles escapades. Les discussions sur le château et ses magnifiques intérieurs, sa collection d’objets d’art et de tapisseries sont désormais bien loin, la magie des lieux envoutant les esprits dans une merveilleuse alchimie faite de panache et de jeunesse désinvolte, dont nous tairons ici les tendres conséquences et les rixes de jalousie, le cadre rose étant, rappelons-le, réputé pour son haut potentiel de facteur d’anti-cohésion. Enchainant les danses, Jean-Charles finit d’ailleurs par retrouver la demoiselle en bleu qu’il invite aussitôt à danser. Mais les heures défilant plus vite que le mécanique lapin de la Passerelle, le jour vient à poindre doucement son nez, abrégeant les festivités. Ce sera pour la prochaine fois…

Au petit matin, tous seront repartis discrètement dans la brume naissante, gardant avec délectation l’agréable souvenir de cette douce soirée aux saveurs sucrées se conjuguant déjà à de suaves rêveries au bonheur incertain.

SLT VALLET, Officier Scribe de la Promotion.

PHOTO HAUTE QUALITE : cérémonie du Petit Gala de Saint-Cyr, Promotion Capitaine Beaumont (tous droits réservés) : Petit Gala de la Promotion capitaine Beaumont

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