mars 23, 2007

A Coëtquidan

Il revient à l’E.S.M.I.A. le 8 Août 1948, pour le Triomphe. Sa fiancée venue pour la cérémonie le recherche en vain pour finalement découvrir ” un espèce de sauvage torse nu, vêtu d’un pantalon effrangé, un pied sur un cheval, le second sur un autre. – Un peu ahurissant comme prise de contact.

Sa promotion reçoit alors, en présence du Maréchal de LATTRE, le nom de ” RHIN et DANUBE “

En Septembre 1948, il obtient son brevet parachutiste. « Tout s’est bien passé, je retire des trois jours de saut une impression merveilleuse… Aux deux premiers sauts je ne me suis pas bien rendu compte de ce que je faisais. A partir du 3ème, j’ai vraiment mesuré et dominé la peur qui malgré tout secoue la carcasse… Pour un Chef il n’y a qu’une façon de sauter (dans l’azur ou dans la vie) : regarder bien en face le gouffre qui s’étale à ses pieds et y plonger en pleine conscience, maître de soi et de ses réflexes. C’est ce qui fait du parachute un sport de roi.

Dès le 15 Octobre la dernière étape de sa formation d’officier commence : « La vie me plait… j’étudie de très près notre chef de section, un Lieutenant que j’aime et estime beaucoup. Il est marié et père. Son métier, non, son sacerdoce, il l’a dans le cœur et ce qui est merveilleux en lui c’est qu’il joint à une dureté nécessaire, une compréhension, une amitié qu’on lit dans ses yeux.

Assez souvent, il va à Nantes retrouver ses parents à qui il témoigne une profonde affection. Heureux lui-même, il l’est aussi du bonheur qu’il donne, et il amène avec lui à chaque permission deux ou trois camarades. Il aime la vie dure de COETQUIDAN et retrouve avec joie l’équitation.

Parfois il va retremper sa foi avec quelques camarades à la Trappe de THYMADEUC : ” L’hospitalité des moines est toujours aussi sympathique et discrète, mais vraiment je n’ai pas la vertu contemplative : au bout de huit jours de noviciat je ferais certainement le mur. ” Ces journées de recueillement l’amènent à ces réflexions : « … Je sens en moi une transformation profonde. Je prends conscience des responsabilités énormes que j’ai sur les épaules et qui vont s’amplifiant, s’alourdissant… Je suis détraqué, tortueux, dans la lune, frileux, douillet, flemmard, exaspéré, peureux, égoïste, etc… mais en nous Dieu a sûrement mis un talent qu’il faut faire fructifier. “

Les St-Cyriens ayant à instruire des jeunes du contingent, il retrouve avec joie le contact direct avec des hommes et exprime à nouveau son souci : « Il faut à tout prix ne pas les décevoir… La vie d’un officier est faite de discipline intérieure et non pas seulement de discipline extérieure “.

Son père serait heureux de le voir artilleur comme lui. Sorti 36ème de l’E.S.M.I.A., Serge, qui était entré 236ème sur 312 élèves, peut se permettre tous les choix. Il prendra l’Infanterie Métropolitaine pour être plus près de ses hommes.

Ce sont alors les grandes permissions, au cours desquelles le Sous-Lieutenant BEAUMONT voit enfin l’aboutissement de quatre ans d’attente : le 24 août 1949, il épouse à Bordeaux mademoiselle Monique BLANCHY.

Un mois plus tard le voici de nouveau à Coëtquidan, pour un an, à l’Ecole d’Application d’Infanterie. Et c’est à l’issue de ce stage qu’il réalise son rêve : il est affecté au 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes, à Philippeville, où il est accueilli comme un jeune frère par le Commandant BUCHOUD, Toulois et Nass comme lui, et qui sera huit ans plus tard son dernier Chef de Corps. Serge est aussitôt en face des réalités de son premier commandement d’officier : « La grosse difficulté, c’est de m’imposer aux sous-officiers. Ils ont presque tous fait avec brio la campagne d’Indochine et trouvent un peu mauvais qu’un jeune freluquet de Sous-Lieutenant vienne leur casser les pieds. En ce moment je marque des points, car si l’Indochine leur a donné des citations elle les a aussi déformés et, chose curieuse, ils ont un peu perdu le sens du réel de maintenant : l’Instruction. En tous cas je ne suis pas déçu, je réalise ce que j’avais tant désiré à l’Ecole. »

Deux mois après son arrivée en Algérie, le 22 juillet 1950, naît Véronique, son premier enfant.

Mais il va bientôt s’arracher à sa vie familiale, car très rapidement, forçant les délais, il se porte volontaire pour l’Indochine. Désigné pour l’Extrême-Orient le 28 août 1951, il rejoint à Vannes le 3ème B.C.P. avec lequel il s’embarque comme Lieutenant, le 27 décembre à Marseille, peu de temps après la naissance de sa deuxième fille, Christiane.

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